Face à un paysage politique français souvent insatisfaisant pour les libéraux, nous proposons une initiative inédite : la création d’un groupe de pression électorale. Ce groupe, ni parti politique traditionnel, ni laboratoire d’idées, se veut une plateforme militante, pragmatique et apartisane, dédiée à soutenir les propositions libérales de candidats à tout échelon électoral. L’objectif est d’offrir aux idées libérales la place qu’elles méritent dans le débat politique, en se gardant des périls qui ont souvent perdu les précédentes initiatives libérales en France.
Une évaluation rigoureuse
Ce groupe a pour objectif d’évaluer les candidats à l’aide d’un questionnaire rigoureux. Celui-ci portera sur leur engagement envers des réformes visant à promouvoir davantage de liberté et de responsabilité individuelle, à renforcer la sécurité, et à réduire le rôle de l’État dans des domaines non essentiels. Cela inclut la diminution des missions que l’État s’est attribuées ainsi que la réduction des dépenses publiques. Une fois identifiés, ces candidats bénéficieraient d’un soutien actif, à travers des actions concrètes, physiques ou en ligne telles que des campagnes ciblées sur les réseaux sociaux, mettant l’accent non pas sur la personne de ces candidats, mais bien sur lesdites réformes libérales.
Ferme sur le fond, flexible sur la forme
Ainsi, lors des prochaines élections législatives, un tel groupe pourrait inciter les électeurs à soutenir un candidat de droite dans une circonscription, au nom de la primauté du droit de propriété sur les mesures protégeant les squatteurs. Dans une autre circonscription, il pourrait promouvoir un candidat centriste favorable à une défense des frontières européennes contre l’impérialisme russe. Enfin, dans une troisième circonscription, le groupe pourrait encourager le vote pour un candidat de gauche plaidant pour la protection de la vie privée contre le fichage de masse. L’objectif serait d’apporter les quelques points de pourcentage nécessaires à leur succès électoral, dans un contexte politique (sans doute durable) où les petits écarts font les grandes victoires.
Il faut préciser que ce groupe de pression électorale serait le plus apte à soutenir les candidats authentiquement libéraux d’un ou plusieurs partis libéraux, ni de droite, ni de gauche, ni conservateurs, ni socialistes. L’objectif de l’entreprise est en effet de s’assurer que des députés véritablement libéraux puissent obtenir une minorité de basculement, voire une majorité au Parlement. Cependant, l’expérience a montré que le feu qui anime souvent les nouveaux partis libéraux peut rapidement les consumer. Il est donc crucial de mettre en place une plateforme libérale apartisane qui ne mette pas tous ses œufs dans le même panier.
Construire de zéro un ou plusieurs partis libéraux et les rendre viables sur tout ou partie du territoire constitue en effet une tâche herculéenne, nécessitant des ressources considérables et un engagement à long terme. Plutôt que de partir de rien, il est stratégique de tirer parti des tropismes locaux qui favorisent l’accueil de candidats libéraux au sein de partis existants. En effet, certaines circonscriptions peuvent présenter un terreau fertile pour des candidatures libérales en raison de leur histoire, du fonctionnement interne des partis, ou des penchants politiques de la population. En s’appuyant sur ces dynamiques locales, la plateforme peut faciliter l’émergence de candidats libéraux, tout en évitant le coût et les difficultés d’une structuration partisane complète. Cela permet non seulement de maximiser les chances de succès électoral, mais aussi de renforcer la diversité et la représentation des idées libérales dans le paysage politique.
Une fois que des députés véritablement libéraux auront été élus et si un mouvement de fond vers nos idées se confirme, il sera toujours possible pour ces candidats de quitter leur parti cocon et de créer un mouvement papillon. Cette transition leur permettra de se regrouper sous une bannière libérale plus cohérente et dédiée, tout en capitalisant sur l’élan et le soutien populaire acquis durant leur campagne et leur mandat. Ainsi, l’essor d’un véritable mouvement libéral pourra se faire naturellement, en s’appuyant sur des bases solides et des résultats concrets, renforçant ainsi l’impact des idées libérales au sein du paysage politique.
Un précédent à l’étranger
Cette stratégie s’inspire de l’expérience réussie des Young Americans for Liberty (YAL) aux États-Unis. Grâce à un questionnaire détaillé (portant sur des sujets tels que la fiscalité, les droits individuels, la liberté d’expression, la liberté scolaire, la taille de l’État, les cryptomonnaies, la politique étrangère, la réforme des lois anti-drogue, de la police et de la justice) et à la formation et coordination des candidats et militants, YAL a contribué à l’élection de 300 responsables politiques.
Pour adapter cette approche à la France, et en raison des contraintes légales qui interdisent aux entreprises et associations de faire des dons financiers ou en nature aux candidats, ce groupe de pression pourrait prendre la forme juridique d’un parti politique. Ce statut permettrait d’agir pleinement dans le cadre français. Il est entendu que ce groupe n’aurait pas vocation à être ou concurrencer les partis politiques existants. Son ambition serait d’être un label libéral et une plateforme militante apartisane afin de conserver la flexibilité et la neutralité nécessaires pour soutenir des réformes libérales au-delà des clivages partisans. Pour maximiser son impact, cette plateforme devrait être capable de s’adapter rapidement aux besoins du moment. Qu’il s’agisse de soutenir un seul candidat libéral ou d’en promouvoir 577, sa flexibilité serait un de ses principes directeurs.
L’émergence d’un mouvement libéral durable
Le potentiel d’un tel groupe dépasse le simple soutien électoral. Par capillarité, il jouerait un rôle crucial dans l’éducation des candidats eux-mêmes, en les sensibilisant aux différentes réformes libérales possibles et en les poussant à s’approprier, à conjuguer ces idées à leur sensibilité politique. Ce dialogue pourrait permettre aux idées libérales, souvent perçues comme abstraites, de devenir des solutions recevables par d’autres électorats. En intégrant ces propositions dans les programmes politiques, ce groupe contribuerait par ailleurs à revitaliser un débat public souvent appauvri par l’absence de nouvelles idées.
Enfin, ce groupe pourrait devenir une école vivante et un réservoir d’expérience pour les militants libéraux. Il leur offrirait une formation pratique et les préparerait à s’adapter à différents électorats, sans avoir à se compromettre avec les partis illibéraux – à soutenir le message sans cautionner la machine. En mobilisant les volontaires, cette initiative pourrait structurer une demande politique libérale en France, influencer durablement le paysage politique national et offrir aux Français et au monde un pays plus libre, prospère, dynamique, confiant en lui-même et tourné vers l’avenir.