17 janvier 2025

Bébés en berne : la France face à la dénatalité

woman carrying baby while walking
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La France connaît son plus faible taux de natalité depuis la Seconde Guerre mondiale. Quels sont les véritables freins à la parentalité ? Et quelles solutions pour relancer les naissances ?

Moins de naissances en France : la pression économique, les inégalités salariales et le coût de la vie freinent les jeunes générations. Pourquoi ne pas réformer la fiscalité, le logement et le travail pour redonner confiance aux familles ?

Des logements inaccessibles, des coûts de garde trop élevés… La solution pour relancer la natalité ? Des réformes structurelles qui libèrent le pouvoir d'achat et favorisent la flexibilité au travail.

Longtemps considérée comme un modèle en Europe pour sa natalité élevée, la France connaît désormais son plus faible taux de naissances depuis la Seconde Guerre mondiale, selon l’INSEE. Ce phénomène reflète des défis démographiques et économiques profonds, qui nécessitent des réponses audacieuses et innovantes.

Le déclin de la natalité en France

La situation actuelle s’explique d’abord par un changement démographique majeur : moins de femmes se trouvent dans la tranche d’âge propice à la maternité (20–40 ans). En parallèle, le report de la maternité s’est généralisé, l’âge moyen au premier enfant passant de 24 ans en 1975 à 31 ans aujourd’hui. Cette tendance aggrave les difficultés liées à la baisse de fertilité, qui devient plus prononcée après 30 ans. À l’échelle mondiale, les taux de fertilité ont chuté de 4,7 enfants par femme dans les années 1950 à seulement 2,3 aujourd’hui. Les pays développés subissent le recul le plus marqué : au Japon, en Italie ou en Grèce, les populations sont déjà en déclin. Au Royaume-Uni, le taux de natalité a atteint un niveau record de 1,44 enfant par femme, bien en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1).

Pourquoi fait-on moins d’enfants ?

Pour comprendre les raisons de cette baisse de la natalité, il faut examiner une combinaison de facteurs économiques, sociétaux et structurels. Le coût d’un enfant représente une charge importante : au Royaume-Uni, les frais de garde atteignent parfois 15 000 £ par an. En parallèle, les coûts immobiliers pour les jeunes générations ont doublé par rapport à leurs aînés, rendant l’idée d’agrandir la famille encore plus difficile. Le « coût de la maternité » reste un frein majeur pour les femmes, alimentant les inégalités salariales et obligeant beaucoup d’entre elles à choisir entre carrière et maternité. De plus, les mentalités évoluent : de plus en plus de milléniaux se sentent insuffisamment préparés à devenir parents, invoquant un manque de stabilité financière, l’absence de partenaires adaptés ou encore des inquiétudes liées aux crises économiques et environnementales mondiales.

Ces obstacles économiques et sociétaux sont renforcés par des transformations structurelles. L’accès généralisé à la contraception, la forte participation des femmes au marché du travail et la volonté d’atteindre une sécurité financière avant d’avoir des enfants freinent également les naissances.

Quelles réformes ?

Face à cette crise démographique, des politiques novatrices peuvent redonner espoir. Le rôle de l’État ne devrait pas être d’influencer ou de changer les préférences individuelles, mais plutôt de mettre fin aux politiques publiques qui freinent ou découragent ces préférences, notamment celles liées à la décision d’avoir ou non un enfant. L’objectif serait d’offrir aux familles un environnement favorable en éliminant les obstacles institutionnels et économiques qui limitent leur choix. Parmi les solutions envisageables, la réduction du fardeau fiscal sur les familles, avec des crédits d’impôt inspirés des « baby bonuses » québécois, pourrait inciter les ménages à avoir davantage d’enfants.

De même, la réforme des marchés du logement, par une simplification des règles d’urbanisme et une réduction des restrictions foncières, rendrait le logement plus accessible, libérant ainsi des ressources pour les familles.

Pour aller plus loin, encourager la flexibilité au travail, notamment via des accords entre employeurs et employés pour aménager les horaires ou généraliser le télétravail, faciliterait la conciliation entre vie professionnelle et familiale. Des réformes économiques structurelles permettraient de libérer la croissance économique, favorisant l’emploi et créant un environnement où les employeurs seraient en compétition pour attirer les talents, ce qui offrirait aux employés un pouvoir de négociation accru.

Dans le même esprit, déréglementer les services de garde et stimuler la concurrence dans l’éducation réduiraient les coûts tout en améliorant l’offre, permettant ainsi aux familles d’envisager plus sereinement une vie avec plusieurs enfants.

Par ailleurs, la société civile peut jouer un rôle clé pour transformer les mentalités. L’Etat devrait cesser de promouvoir directement ou indirectement via les associations et agences qu’il finance des messages anxiogènes et antinatalistes mais plutôt laisser la société civile déconstruire les idées reçues sur le « fardeau » familial.

En adoptant une vision audacieuse et centrée sur la liberté et l’autonomie des individus, la France peut surmonter cette crise démographique. Libérer les familles des contraintes économiques et institutionnelles permettrait de redonner confiance en l’avenir et d’en assurer un au pays tout entier.