27 février 2025

Trump annonce une taxe de 25 % sur les exportations européennes, un choc pour l’industrie automobile

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Trump menace d’imposer des droits de douane de 25 % sur les importations européennes, secouant les marchés. L’industrie automobile, déjà fragilisée par la concurrence chinoise et un virage électrique mal négocié, vacille.

L’Europe ne produit plus que 17 % des voitures mondiales, loin derrière la Chine (33 %). Entre politique énergétique chaotique, infrastructures inadaptées et retards technologiques, le Vieux Continent joue gros. Un sursaut est-il encore possible ?

Subventions erratiques, normes changeantes, concurrence chinoise : l’Europe doit libérer l'industrie automobile.

Les marchés européens ont accusé le coup après la dernière menace du président américain Donald Trump d’imposer des droits de douane de 25 % sur les importations en provenance de l’UE. L’indice Stoxx Europe 600 a reculé de 0,6 % en début de séance, tandis que le Dax allemand—baromètre clé de l’économie exportatrice du pays—a chuté de 1 %. Cette annonce ravive les inquiétudes sur la compétitivité des constructeurs européens, déjà fragilisés par un marché mondial en pleine mutation.

Les constructeurs allemands ont été les plus durement touchés : Volkswagen et Mercedes-Benz ont vu leur valeur boursière chuter de 2 %, tandis que Porsche a perdu 2,3 %. En France, Stellantis, coté à Paris, a également reculé de 2,3 %, illustrant la pression croissante qui pèse sur l’ensemble du secteur automobile européen, pris en étau entre concurrence internationale et risques géopolitiques.

Cette annonce agit comme un « rappel à la réalité » pour un secteur qui, jusqu’à présent, avait évité le scénario d’une guerre commerciale totale.

L’industrie automobile européenne à un tournant

Cette menace de droits de douane intervient à un moment critique pour l’industrie automobile européenne, déjà confrontée à de multiples défis. Consciente des enjeux, la Commission européenne, sous la direction d’Ursula von der Leyen, a lancé le 30 janvier 2025 son Dialogue stratégique sur l’avenir de l’industrie automobile européenne. L’objectif : élaborer d’ici le 5 mars un plan d’action concret pour accompagner la transition vers la neutralité carbone, faire face à la concurrence chinoise et gérer les tensions commerciales grandissantes.

Le déclin du secteur automobile européen est incontestable. Autrefois leader, l’Europe ne représente plus que 17 % de la production automobile mondiale, loin derrière la Chine et ses 33 %. Même l’Allemagne, pilier industriel du continent, a vu sa dépendance aux chaînes d’approvisionnement internationales s’accentuer : 70 % de ses véhicules sont désormais fabriqués hors du pays. Ce recul souligne l’urgence d’une réforme stratégique pour préserver la compétitivité du secteur.

En retard sur la révolution des véhicules électriques

L’un des défis les plus pressants pour les constructeurs européens est leur retard dans l’électrification. Alors que la demande mondiale explose, beaucoup restent dépendants des moteurs thermiques, tandis que les fabricants chinois prennent une longueur d’avance grâce à des batteries plus performantes, une production à moindre coût et une intégration logicielle avancée.

Par ailleurs, les consommateurs chinois, autrefois fidèles aux marques européennes, privilégient désormais leurs constructeurs nationaux. Plus jeunes et plus technophiles, ils recherchent des véhicules dotés de systèmes connectés intelligents et de fonctions d’IA embarquées—des domaines où les marques européennes peinent à innover ou à suivre. À ce rythme, la Chine devrait dépasser les 50 % de parts de marché dans l’électrique d’ici 2025.

Un cadre politique fragmenté et des infrastructures inadaptées

Au-delà de la concurrence mondiale, les politiques européennes hétérogènes et le manque d’infrastructures pénalisent l’industrie. Les disparités sont frappantes : en Allemagne, l’arrêt brutal des subventions aux véhicules électriques a provoqué une chute de la demande, tandis que l’infrastructure de recharge reste insuffisante. À titre de comparaison, les Pays-Bas comptent 817 bornes de recharge publiques pour 100 000 habitants, contre seulement 145 en Allemagne.

À l’inverse, la Norvège offre un modèle de transition réussie. Grâce à des politiques stables et bien exécutées, les véhicules électriques y représentaient 82 % du marché en 2023. En Europe, l’instabilité réglementaire et les revirements politiques freinent les investissements de long terme et ralentissent la transition.

Stabilité réglementaire et ouverture technologique : des priorités incontournables

Pour restaurer la compétitivité du secteur, la prévisibilité réglementaire doit devenir une priorité. Entre les subventions erratiques, les normes d’émission changeantes et l’incertitude politique, les constructeurs hésitent à investir massivement dans les nouvelles technologies. Seule un cadre clair et stable permettra de stimuler l’innovation et d’assurer l’avenir du secteur.

Par ailleurs, l’Europe ne doit pas se limiter aux véhicules électriques à batteries. L’hydrogène, les carburants synthétiques et les hybrides pourraient jouer un rôle clé dans une approche plus diversifiée et adaptée aux réalités infrastructurelles. Imposer un modèle unique risquerait de fragiliser certains marchés et d’entraver la transition.

Une vision à long terme plutôt que des solutions de court terme

Alors que l’UE engage son Dialogue stratégique, elle doit éviter le protectionnisme et les réponses fragmentées. L’urgence est d’établir une politique cohérente, flexible et tournée vers l’innovation.

Plutôt que de protéger artificiellement ses constructeurs, Bruxelles devrait supprimer les entraves réglementaires qui freinent leur essorFaute de clarté et de stabilité, les constructeurs européens continueront à perdre du terrain—quelle que soit l’issue de la guerre commerciale qui semble se préparer.