Le président Donald Trump a accordé une grâce présidentielle à Ross Ulbricht, le créateur de Silk Road, un marché noir en ligne rendu célèbre pour la vente de biens illégaux. Ce geste, conforme à une promesse de campagne, cible la communauté libertarienne et les défenseurs du bitcoin. Ulbricht purgeait jusqu’alors une peine de réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.

Dans un message publié sur Truth Social, Donald Trump a justifié sa décision : « En l’honneur de [sa mère Lyn Ulbricht] et du mouvement libertarien, qui m’a soutenu si fortement, c’était un plaisir de signer une grâce pleine et inconditionnelle pour son fils, Ross. »

Ross Ulbricht avait été condamné en 2015 après avoir été reconnu coupable de sept chefs d’accusation, dont le trafic de narcotiques et le blanchiment d’argent. Arrêté en 2013 dans le rayon science fiction d’une bibliothèque de San Francisco, il était accusé d’exploiter une plateforme facilitant les transactions anonymes, rendues possibles par le réseau Tor et le bitcoin.

Cependant, aucun des chefs d’accusation ne concernait la vente directe de drogues ou des actes de violence imputables à Ulbricht. Les critiques de la procédure ont dénoncé des accusations non prouvées, notamment celles de meurtres commandités, qui auraient pu influencer la sévérité de la sentence.

Le démantèlement de Silk Road a été facilité par une erreur d’Ulbricht : l’utilisation de son adresse e-mail personnelle pour promouvoir le site. Les procureurs l’ont décrit comme un criminel dangereux, l’accusant d’avoir tenté d’engager un tueur à gages — en réalité un agent infiltré de la DEA qui cherchait à l’extorquer en bitcoin pour son compte personnel. Par ailleurs, plusieurs agents impliqués dans l’enquête ont par la suite été reconnus coupables de corruption.

Pour de nombreux libertariens et partisans du bitcoin, Ulbricht est une figure martyre. Ils voient en lui un visionnaire, dont la plateforme incarnait les principes d’un marché libre et décentralisé, réduisant les risques liés au trafic traditionnel.

Ce geste de Donald Trump illustre sa politique transactionnelle : bien qu’il ait souvent défendu des sanctions sévères pour les infractions liées aux drogues, il a su capter l’attention et les voix de certains libertariens, en échange de cette promesse de grâce.

Si une seule grâce ne définit pas une administration, celle-ci marque néanmoins un moment symbolique pour un homme dont la peine de réclusion à perpétuité a été jugée excessive par de nombreux observateurs.