5 avril 2024 • Mis à jour il y a 1 an

Permanent et critiqué, le plan Vigipirate relevé à son plus haut niveau

By Rama - Own work, CC BY-SA 2.0 fr, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5229199
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Le gouvernement français élève le niveau d'alerte terroriste au plus haut après la fusillade de Moscou. Suite à une réunion avec les hauts responsables de la sécurité et de la défense, le Premier ministre Gabriel Attal annonce des mesures exceptionnelles. #AlerteTerroriste #France

La décision intervient alors que l'État islamique revendique l'attentat de Moscou. Avec les Jeux olympiques de Paris en ligne de mire, la France renforce sa sécurité avec l'activation du niveau d'alerte maximal. #Vigipirate

Depuis 1995, le plan Vigipirate est une réponse française aux menaces terroristes. Cependant, sa présence constante suscite des débats sur son efficacité réelle et ses implications sociales et politiques. #Vigipirate

Le gouvernement français porte l’alerte terroriste à son niveau le plus élevé à la suite de la fusillade de Moscou, a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal, dimanche 24 mars 2024, à l’issue d’une réunion avec les hauts responsables de la sécurité et de la défense, en présence du président Emmanuel Macron.

M. Attal a déclaré que cette décision, qui intervient quelques mois avant que Paris n’accueille les Jeux olympiques, a été prise à la lumière de la revendication par l’État islamique de l’attentat de Moscou et des menaces qui pèsent sur le pays.

Le système français d’alerte terroriste comporte trois niveaux. Le niveau le plus élevé est activé à la suite d’un attentat en France ou à l’étranger ou lorsqu’une menace d’attentat est considérée comme imminente.

Il permet de prendre des mesures de sécurité exceptionnelles telles que des patrouilles renforcées des forces armées dans les lieux publics tels que les gares, les aéroports et les lieux de culte.

Au total, 7 000 membres de la force Sentinelle viendront renforcer les forces de police et de gendarmerie sur le terrain.


Historique du plan Vigipirate

Les premières directives interministérielles concernant la mise en place de mesures de vigilance face aux menaces d’agression terroriste remontent au 7 février 1978. Cependant, c’est en 1981 que le premier plan Pirate a été initié. Lors de la Guerre du Golfe en 1991, le concept de « Protection des installations contre les risques d’attentats terroristes à l’explosif » (Pirate) a évolué pour inclure la notion de vigilance, donnant ainsi naissance au plan Vigipirate.

Bien que lancé en avril 1991, le plan Vigipirate a été officiellement institué en 1995 à la suite des attentats du RER Saint-Michel le 25 juillet, et du métro Maison Blanche le 6 octobre de la même année. À partir de cette période, le plan n’a plus été suspendu.

Une permanence fortement critiquée

La critique de ce dispositif est devenue plus prononcée depuis les attentats de 2015 et le déploiement de l’opération Sentinelle, qui a ancré le plan Vigipirate dans le quotidien des Français. Cette présence militaire constante dans l’espace public a suscité des interrogations sur l’efficacité réelle de l’opération Sentinelle dans la prévention des attaques terroristes.

Dès 2016, de nombreuses voix se sont élevées contre la durée prolongée de ce dispositif, exprimant des préoccupations venant aussi bien des parlementaires que des militaires et des chercheurs. Les attaques contre les soldats déployés dans le cadre de l’opération Sentinelle ont remis en question leur rôle dans la prévention des attaques. Selon certains experts, dont Bénédicte Chéron, historienne spécialiste des relations armées-société, l’opération Sentinelle sert surtout à mettre en scène l’action de l’État contre le terrorisme, plutôt qu’à prévenir efficacement les attaques.

En outre, la présence constante du plan Vigipirate a été critiquée pour ses effets néfastes sur le plan social et politique. La militarisation croissante de l’espace public induite par l’opération Sentinelle, ainsi que l’appel à la vigilance des citoyens, ont alimenté un climat de peur jugé préjudiciable à la vie démocratique, selon des experts tels que Fanny Chagnollaud, docteure en ethnologie : « L’inutilité pratique démontrée des mesures sécuritaires prises en France depuis 2015 ne concerne que la lutte contre le terrorisme. Elles sont par contre particulièrement efficaces pour instaurer un nouveau type de relations entre l’État et sa population. Loin de protéger les démocraties, les états d’exception ont toujours été des outils pour les régimes autoritaires ».